numéro
L.3640
intitulé de la collection
Donop de Monchy, Victorine et Eugène
technique encre, marque estampée
couleur violet
localisation montage, verso
dimension 50 x 50 mm (h x l)
  • depuis 2010
VICTORINE (1863-1958) et EUGÈNE DONOP de MONCHY (mort en 1942), Paris. Dessins.
 
Eugène Donop de Monchy et son épouse Victorine sont le gendre et la fille de Georges de Bellio (Bucarest 1828-Paris 1894), célèbre amateur de peintures impressionnistes, notamment propriétaire de l'illustre Impression Soleil levant de Claude Monet, mais également collectionneur d'estampes, de tableaux, de pastels et de dessins de maîtres français, italiens et flamands.
Descendant d'une riche famille de boyards, originaire de Macédoine, établie depuis la fin du XVIIIe siècle à Bucarest, Georges de Bellio étudie le dessin avec Charles Doussault, peintre français travaillant en Roumanie. Avec son frère Constantin, Georges s'installe à Paris au milieu du siècle, rue de la Grange-Batelière, dans le IXe arrondissement de Paris, tout près de l'Hôtel Drouot. Il épouse Catherine Rose Guillemet et de cette union naîtra Victorine de Bellio.
Dans le catalogue À l'apogée de l'impressionnisme. La collection Georges de Bellio, du Musée Marmottan Monet (Paris 2007, p. 12), Georges de Bellio est décrit comme collectionnant les estampes et étudiant la meilleure façon de les conserver. À ses débuts, il réunit des œuvres hollandaises du XVIIe siècle, et des peintures et dessins de maîtres français du XVIIIe siècle. Puis en 1864, il obtient deux tableaux à la vente posthume d'Eugène Delacroix, Satyre embrassant une nymphe (17-29 février 1864, n° 177) et Une étude de chevaux (partie du n° 211). C'est à partir de 1874 qu'il s'intéresse aux impressionnistes. Cette année-là, à la vente Hoschedé, il acquiert La Seine à Argenteuil, tableau de Claude Monet (13 janvier 1874, n° 47). La collection d'œuvres du mouvement impressionniste - de sa genèse à son apogée - qu'il va réunir est le reflet des amitiés artistiques et du mécénat discret qu'il exerce auprès de Claude Monet, Camille Pissarro et Pierre-Auguste Renoir. Georges de Bellio a soutenu financièrement et moralement ces artistes et a, de plus, souvent été consulté par eux, mais seulement en tant qu'homéopathe car, inscrit à la Faculté de Médecine de Paris, il ne présentera pas de thèse. De nombreuses lettres, publiées dans l'article de Remus Niculescu dans la revue Paragone en 1970, témoignent des différents services qu'a rendus le docteur Bellio à ces peintres. Il a ensuite accompagné leur succès en prêtant des tableaux de sa collection pour les différentes rétrospectives qui leur étaient consacrées. Georges de Bellio a acheté la plupart de ces œuvres impressionnistes avant 1880 ; il est notamment cité dès 1878 par Théodore Duret dans son ouvrage Les Peintres impressionnistes (Paris 1878) parmi ces premiers amateurs de l'impressionnisme. Georges de Bellio, qui avait beaucoup acheté et revendu des œuvres de son vivant, « souhaitait faire construire une galerie pour y présenter sa collection » (Th. Duret, Les Impressionnistes, Paris 1906, p. 98). Sa mort survient subitement le 26 janvier 1894. Son gendre Eugène Donop de Monchy et sa fille Victorine sont ses héritiers.
L'inventaire manuscrit de la collection Georges de Bellio, dressé après sa mort par Eugène Donop de Monchy, entre 1894 et 1897, et intitulé Catalogue des tableaux anciens et modernes, aquarelles, dessins, pastels, miniatures, formant la collection de Mr. E. Donop de Monchy [Ancienne collection Georges de Bellio], recense plus de trois cents peintures, pastels, aquarelles et dessins d'une qualité rare, qui se décomposent ainsi : 143 tableaux, 10 pastels, 133 aquarelles et dessins, et un ensemble de 170 affiches de Chéret et de Toulouse-Lautrec (Paris, Musée Marmottan Monet, Archives). Contrairement à ce que laisse entendre le titre, c'est bien l'inventaire de la collection de Georges de Bellio, car seuls les numéros 121 et 122 de cet inventaire, tableaux de A. Calry-Baroux, ont été acquis par Eugène Donop de Monchy.
Ce dernier et son épouse se considéraient comme les dépositaires de ces chefs-d'œuvre et ont continué de les prêter généreusement pour des expositions ; ils ont également cédé certaines des œuvres mentionnées dans cet inventaire : c'est le cas par exemple de deux toiles de Paul Gauguin vendues à Vollard en octobre 1895, mais aussi de tableaux cédés lors d'une vente anonyme à Drouot le 29 mai 1897, Berthe Morisot à l'éventail d'Édouard Manet (Paris, Musée d'Orsay), et Le Déjeuner sur l'herbe de Berthe Morisot.
Dès 1938, les Donop de Monchy prêtent six tableaux au musée Marmottan - créé en 1934 grâce à la donation (1932) de Paul Marmottan à l'Académie des Beaux-Arts de ses collections et de son hôtel particulier ; ce prêt se transforme en don et est suivi d'autres dons, par Victorine, à la mort de son mari. Ceux-ci sont réunis et présentés dans une salle De Bellio inaugurée en 1948 dans l'indifférence générale. Enfin, Victorine lègue ce qui lui reste de la collection de son père à l'Académie des Beaux-Arts en 1957 pour le Musée Marmottan.
Victorine Donop de Monchy s'éteint le 11 janvier 1958 et son legs de peintures, de dessins et de manuscrits, au Musée Marmottan à Paris, a permis de préserver en partie la collection d'un des premiers amateurs de la peinture impressionniste.
Si vingt-sept dessins de cette collection sont aujourd'hui conservés au Musée Marmottan, d'autres œuvres sont signalées dans d'autres musées ou dans le commerce d'art. Cela parce qu'Eugène et Victorine ont non seulement vendu des œuvres, mais en ont offert d'autres comme en témoigne une Marine, dessin italien du XVIIIe siècle qui porte la marque circulaire accompagné du n° 232 à la plume et encre brune. Cette feuille porte une amicale dédicace « A Monsieur et Madame Laperière [sic] bien sympathique souvenir 9 mars 1943 », signée Victorine Donop de Monchy. Ce dessin, bien décrit dans l'inventaire sous le numéro 232 comme de Francesco Guardi, avait dû leur être offert, M. Laperrière travaillant alors au Musée Marmottan (France, commerce d'art, 2010, comme école italienne du XVIIIe siècle).
Les numéros inscrits au centre du cachet circulaire « Donop de Monchy », apposé sur le verso des œuvres, correspondent à ceux de l'inventaire de collection de Bellio. C'est cet inventaire qui nous renseigne sur les dessins que possédait l'amateur. Il y avait, parmi les exemples de l'école française, une aquarelle de Claude Gillot (Paris, Musée Marmottan Monet, inv. 4258), des dessins de François Boucher, Jean-Baptiste Greuze, Jean-Honoré Fragonard (id., inv. 4006) et Hubert Robert (id., inv. 4007, 4009, 4010, 4291), deux feuilles de Pierre-Paul Prud'hon acquises à la vente Mahérault de 1880 pour l'une (id., inv. 4022) et à la vente Marmontel pour l'autre. Georges de Bellio possédait également des dessins de Jean-Baptiste Isabey (id., inv. 4292 et 4293), de Delacroix, des aquarelles d'Henri Monnier (id., inv. 4281, 4271) et de Constantin Guys, une aquarelle d'Adrien Dauzats (Musée du Louvre, RF 4234), une étude de J.-F. Millet, achetée à la vente Tillot de 1887, et un paysage de Théodore Rousseau. Parmi les nombreux exemples de dessins d'artistes impressionnistes, on trouve des paysages au pastel de Claude Monet et d'Alfred Sisley, et un crayon de Pierre-Auguste Renoir. On note des portraits au pastel d'Édouard Manet et des récits imagés de Jean-Louis Forain acquis à la vente Forain du 8 juin 1893 (Musée Marmottan Monet, inv. 4266 à 4269). Parmi les exemples dessinés des artistes des écoles du Nord, on relève entre autres les noms d'Adam Elsheimer, Adriaen Brouwer et Bartholomeus Spranger (id., inv. 4243), Ch.W.E. Dietrich et, parmi les exemples de l'école italienne, les noms de Giorgio Vasari (id., inv. 4026, comme Jacopo Zucchi), Federico Zuccaro (id., inv. 4255), Guido Reni, Pietro Testa, Guercino. Enfin, Georges de Bellio possédait également un dessin de Francisco de Goya.
 
BIBLIOGRAPHIE
Institut de France. Académie des Beaux-Arts. Supplément au Catalogue du Musée Marmottan. Collection Donop de Monchy, Paris 1965.
R. Niculescu, 'Georges de Bellio, l'ami des impressionnistes (I)', Paragone, n° 247, septembre 1970, pp. 25-66.
R. Niculescu, 'Georges de Bellio, l'ami des impressionnistes (II)', Paragone, n° 249, novembre 1970, pp. 41-85.
Paris 2007 : À l'apogée de l'Impressionnisme. La collection Georges de Bellio, Paris, Musée Marmottan Monet, 2007.
 
 
Date de mise en ligne : août 2010.
 

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